Qu’est-ce que l’écologie industrielle et territoriale (EIT) et comment la mettre en place ?
Face à l’accélération des crises environnementales, à la raréfaction des ressources naturelles et à la pression croissante sur les écosystèmes, nos modèles économiques traditionnels atteignent leurs limites. La production linéaire, fondée sur la logique du « produire – consommer – jeter », n’est plus viable. Il devient donc essentiel d’agir, mais comment ? C’est là qu’intervient l’écologie industrielle et territoriale (EIT) ! Ce modèle innovant, ancré dans les territoires, propose une réponse systémique et collective aux enjeux du développement durable. Qu’est-ce que l’EIT ? Comment fonctionne-t-elle ? Quels sont ses bénéfices pour les entreprises et les collectivités ? Et surtout, comment mettre en place une telle démarche dans votre territoire ? Toutes les réponses au sein de cet article.
Qu’est-ce que l’écologie industrielle et territoriale (EIT) ?
Définition
L’écologie industrielle et territoriale (EIT) est une démarche qui vise à optimiser l’utilisation des ressources — matières, énergie, eau, équipements — à l’échelle d’un territoire en favorisant la coopération entre acteurs économiques. Concrètement, ce modèle s’inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels, où rien ne se perd et tout se transforme. Et ce, en créant des synergies entre entreprises, collectivités, institutions et citoyens afin de réduire les déchets, mutualiser les ressources et valoriser les co-produits. En d’autres termes : faire en sorte que les déchets ou surplus des uns deviennent les ressources des autres.
Là où l’économie linéaire repose sur une chaîne « extraire – fabriquer – jeter », l’EIT s’inscrit alors dans une logique de quasi-boucle fermée, proche de celle de l’économie circulaire. Elle en partage en tout cas les fondements (réduire, réutiliser, recycler), tout en s’en distinguant par sa dimension collective et territoriale. En effet, là où l’économie circulaire peut être mise en œuvre à l’échelle d’une seule entreprise, l’EIT implique un réseau d’acteurs et partenaires qui collaborent pour optimiser les flux de ressources à l’échelle d’une zone géographique donnée.
Différents acteurs de l’écologie industrielle et territoriale
Le succès d’une démarche EIT repose sur la mobilisation de multiples parties prenantes. On retrouve ainsi les :
- Entreprises, qui échangent ou partagent des ressources, et y trouvent un gain économique et environnemental ;
- Collectivités, qui facilitent le dialogue, soutiennent l’ingénierie de projet, mettent en lien les acteurs ;
- Institutions (ADEME, Régions, CCI, agences d’urbanisme…), qui apportent des financements, des outils, des référentiels ;
- Citoyens, parfois porteurs de projets coopératifs ou de dynamiques locales ;
- Structures d’animation territoriale, qui assurent la coordination, l’évaluation et la continuité des démarches.
Contexte réglementaire et légal
L’EIT bénéficie aujourd’hui d’un cadre institutionnel de plus en plus favorable, porté par la montée en puissance des politiques publiques en matière d’économie circulaire et de transition écologique.
Voici les principaux repères réglementaires à connaître :
- La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV – 2015) : elle pose les bases d’une transition vers une économie circulaire et encourage les démarches collectives territorialisées.
- La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC – 2020) : véritable tournant législatif, cette loi impose progressivement la réduction des déchets, une meilleure gestion des ressources et reconnaît explicitement les démarches territoriales de type EIT comme des leviers structurants.
- Le Plan national pour une économie circulaire (PNEC) : porté par le gouvernement français, il soutient l’EIT à travers des actions concrètes comme des aides financières (ADEME), un accompagnement méthodologique ou une mise en réseau des initiatives locales.
- Les Régions, dans le cadre des SRADDET (Schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) : elles intègrent de plus en plus des objectifs en lien avec l’écologie industrielle et territoriale.
Le saviez-vous ?
Le concept d’écologie industrielle a été formulé pour la première fois en 1989 par Robert Frosch et Nicholas Gallopoulos, responsables de la Recherche chez General Motors. Dans un article intitulé Des stratégies industrielles viables, ils écrivaient ainsi :
« Dans un système industriel traditionnel, chaque opération de transformation, indépendamment des autres, consomme des matières premières, fournit des produits que l’on vend et des déchets que l’on stocke. On doit remplacer cette méthode simpliste par un modèle plus intégré : un écosystème industriel. »
Comment fonctionne l’écologie industrielle et territoriale ?
Principes fondamentaux de l’EIT
Trois piliers caractérisent l’écologie industrielle et territoriale :
- Les synergies : ce sont les coopérations entre acteurs économiques qui permettent l’échange ou le partage de flux (matières, énergies, services, équipements). On distingue les synergies de substitution qui portent sur la valorisation et l’échange de matière et d’énergie entre entités ; les synergies de mutualisation avec la mutualisation des ressources, de matériel et d’espaces (salles de réunion, lieu de stockage…) et la mutualisation de services (achats groupés) ; les synergies de développement avec la création d’activités locales liées à la valorisation de co-produits.
- Le bouclage des flux : il s’agit de réduire les pertes de matières et d’énergie, en bouclant les cycles de production et de consommation à l’échelle locale.
- La coopération inter-entreprises et inter-acteurs : l’EIT repose sur une démarche collective, impliquant non seulement des entreprises, mais aussi des collectivités territoriales, des chambres consulaires, des établissements publics, des chercheurs, des citoyens… Tous sont co-responsables de la durabilité du système territorial.
Outils et méthodes
Afin d’identifier les synergies possibles et structurer les coopérations entre acteurs, plusieurs outils et approches méthodologiques sont utilisés :
- La cartographie des flux : c’est souvent le point de départ. Elle consiste à analyser les flux de matières, d’énergie, d’eau et de déchets entre les acteurs d’un territoire donné. Mais aussi de visualiser les interactions potentielles, d’identifier les excédents, les pertes, les redondances… et d’envisager les opportunités de synergie.
- Le diagnostic territorial : il s’agit d’une évaluation globale du contexte économique, environnemental et social du territoire. Ce diagnostic croise les données techniques (types d’activités, volumes de production, rejets, etc.) avec les dynamiques locales (enjeux de développement, infrastructures existantes, besoins spécifiques) afin d’orienter les actions.
- L’animation des réseaux d’acteurs : l’un des fondements de l’EIT repose sur la coopération. Or, celle-ci ne se décrète pas, elle se construit dans la durée. Et ce, grâce à un travail d’animation territoriale : organisation d’ateliers de co-construction, rencontres inter-entreprises, événements sectoriels, plateformes d’échange, dispositifs d’accompagnement…
Quels sont les bénéfices de l’EIT pour les entreprises et les territoires ?
1. Baisse des impacts environnementaux
En facilitant la réduction des déchets, la valorisation des co-produits, la mutualisation des équipements et la substitution de ressources, l’EIT permet une diminution des émissions de gaz à effet de serre (moins de transport, d’énergie fossile, etc.). Mais ce n’est pas tout ! Elle permet aussi une baisse de la consommation d’eau et d’énergie (grâce à la récupération et à la réutilisation de flux), ainsi qu’une meilleure gestion des déchets (qui deviennent des ressources locales).
2. Réduction des coûts et amélioration de la performance économique
Moins de déchets, moins de pertes, moins d’achats redondants, mais aussi… des économies d’échelle via des achats groupés ou la mutualisation de services. Sans oublier les coûts d’exploitation optimisés grâce à l’échange de chaleur ou de matière et la meilleure résilience économique, en réduisant la dépendance aux fournisseurs ou aux matières premières externes. L’EIT transforme ainsi l’écologie en opportunité économique.
3. Création d’emplois locaux et valorisation des savoir-faire
Le développement de synergies locales et la création de nouvelles filières (recyclage, réparation, réemploi, logistique partagée…) génèrent des emplois non délocalisables et souvent qualifiés.
Par ailleurs, l’EIT encourage la mobilisation de compétences locales, la relance de métiers techniques (maintenance, ingénierie des flux, animation territoriale…) et la transmission de savoir-faire dans les territoires.
4. Attractivité territoriale et innovation
Les démarches d’écologie industrielle et territoriale renforcent l’image d’un territoire engagé, innovant et coopératif, capable de proposer aux entreprises un environnement favorable à l’expérimentation et à la durabilité. Elles contribuent également à structurer des filières locales, à stimuler l’innovation sociale et technologique et à créer des écosystèmes attractifs pour de nouveaux projets ou investisseurs.
5. Amélioration de l’image de marque et de la RSE
L’EIT devient un puissant levier de responsabilité sociétale des entreprises : transparence, impact mesuré, ancrage local, partenariats durables… Cela renforce leur crédibilité vis-à-vis des clients, des financeurs et des institutions, tout en favorisant l’engagement des collaborateurs, fiers de contribuer à un projet à la fois utile, collectif et porteur de sens.
Comment mettre en place une démarche EIT ?
Étape 1 : Identification des flux de matières et d’énergie
Il s’agit de dresser un premier état des lieux :
- Quels sont les besoins, enjeux et gisements de ressources sur le territoire ?
- Qui sont les acteurs clés (entreprises, collectivités locales, CCI et CMA, agences de développement économique) ?
- Quels objectifs économiques, environnementaux et sociaux vise-t-on ?
Étape 2 : Mobilisation des acteurs
Une fois les flux identifiés, il est temps de fédérer les parties prenantes autour d’un projet commun. Cela passe par :
- Le choix des porteurs de projet
- L’identification d’initiatives concrètes à tester (ex : plateforme de mutualisation des ressources comme MyTroc Pro)
Pst, l’ADEME peut financer un poste d’animateur d’une démarche EIT pour 3 ans.
Étape 3 : Co-construction de projets et synergies
Les acteurs identifiés collaborent pour faire émerger des synergies : échanges de flux, mutualisation d’équipements ou de services, développement d’activités locales… Et les concrétiser avec la mise en place d’installations techniques, d’organisation logistique, de contractualisation, de suivi des indicateurs… Le pilotage opérationnel est essentiel afin d’assurer la réussite dans le temps. L’enjeu ? Passer du potentiel à l’action collective !
Étape 4 : Évaluation des résultats et amélioration continue
L’évaluation permet de mesurer les bénéfices réels — économies réalisées, tonnes de CO₂ évitées, emplois créés… — et d’ajuster la démarche. Un outil intéressant à utiliser à cette étape : le référentiel d’évaluation des performances des démarches EIT proposé par l’ADEME.
Écologie industrielle et territoriale, conclusion
Face aux défis environnementaux, l’écologie industrielle et territoriale offre une approche systémique, pragmatique et profondément humaine. Pour cause, elle permet non seulement de préserver les ressources et de réduire les impacts, mais aussi de booster l’activité économique locale, de créer des emplois durables et de construire un modèle de société plus résilient et solidaire. Elle s’avère, en ce sens, un levier concret de transformation des territoires, des économies locales et des modes de coopération.
Et pour passer à l’action dès aujourd’hui, des solutions existent. C’est notamment le cas de MyTroc Pro, une solution de plateformes de réemploi numériques pensée pour accompagner les entreprises et les collectivités dans la mutualisation de leurs ressources, matériels et services. Véritable catalyseur de synergies locales, notre solution facilite les échanges, optimise les flux et incarne parfaitement l’esprit de l’EIT : faire plus, ensemble, avec moins.
Échangeons pour initier une démarche d’écologie industrielle et territoriale ! Les outils sont là, les soutiens aussi. Il ne manque plus que votre engagement pour enclencher le changement.