Tout savoir sur la stratégie nationale bas carbone (SNBC)
Inondations plus fréquentes, sécheresses prolongées, crises énergétiques et alimentaires… Face à l’accélération du dérèglement climatique, la réduction de l’empreinte carbone est devenue un impératif mondial. En réponse à cette urgence écologique, le gouvernement français s’est doté d’une feuille de route stratégique : la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Pilier central de la politique climatique française, elle fixe le cap vers un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Mais cette trajectoire de réduction des GES ne peut réussir sans une mobilisation collective. Les entreprises ont donc un vrai rôle à jouer afin que la transition écologique devienne une réalité. Comment mettre en place une stratégie bas carbone dans son organisation ? Toutes les réponses !
Qu’est-ce que la stratégie nationale bas carbone (SNBC) ?
Commençons par une rapide définition. La Stratégie nationale bas carbone (SNBC) est la feuille de route de la France afin d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Concrètement, cette programmation nationale adoptée par le ministère de la Transition écologique définit les grandes orientations à suivre pour transformer notre modèle économique et social. L’objectif ? Le rendre bas-carbone, circulaire et durable. Attention, cette stratégie nationale ne se limite pas à des intentions ! Elle impose des budgets carbone, c’est-à-dire des plafonds d’émissions de gaz à effet de serre sur des périodes de cinq ans. Les budgets carbone de la SNBC sont alors exprimés en millions de tonnes de CO₂ équivalent et permettent de mesurer, suivre et corriger la trajectoire climatique de la France. Pour atteindre ces objectifs, l’État seul se trouve vite limité. Cette stratégie concerne donc l’ensemble des acteurs de la société :
- Entreprises, appelées à repenser leurs modèles de production, à innover et à intégrer la sobriété et la décarbonation dans leurs stratégies ;
- Collectivités, avec un rôle clé dans l’aménagement du territoire, la mobilité, le logement ou encore la gestion des déchets ;
- Citoyens, dont les choix de consommation, de transport ou d’alimentation influencent directement les émissions nationales.
Dans la politique climatique française, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) joue donc un rôle central. Elle sert de socle à d’autres documents stratégiques, comme les plans climat territoriaux, les plans d’adaptation au changement climatique ou encore la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Elle influence également la réglementation applicable aux entreprises et alimente les politiques publiques à tous les niveaux. En résumé, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) n’est pas un simple document administratif. C’est un cap collectif à tenir qui s’inscrit dans le cadre des engagements internationaux de la France, notamment l’Accord de Paris adopté lors de la COP21.
Quels sont les principaux objectifs de la SNBC ?
Réduire les émissions de gaz à effet de serre
Depuis 1990, la France a réduit ses émissions de GES de près de 19 % (hors puits de carbone comme les forêts ou les sols agricoles). Et ce, malgré une forte croissance démographique. Mais l’évaluation environnementale des trajectoires actuelles montre que cette réduction reste insuffisante. D’où l’importance de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) ! Et son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur l’ensemble du territoire français, tous secteurs confondus. Cela signifie à la fois diminuer les émissions directes (issues de la production, du transport, du chauffage, etc.) et agir sur les émissions indirectes (liées aux chaînes d’approvisionnement, aux matières premières, à la sous-traitance, etc.).
Atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050
Le cap ultime de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) : la neutralité carbone à l’horizon 2050. Contrairement à une idée reçue, cela ne signifie pas « zéro émission », mais un équilibre. Autrement dit, des émissions résiduelles inférieures ou égales aux quantités de gaz à effet de serre absorbées sur le territoire français — principalement via des écosystèmes naturels (forêts, prairies, sols agricoles…) et certains procédés industriels (comme le stockage et la réutilisation du carbone). Cette neutralité carbone ne pourra être atteinte qu’à travers des efforts spécifiques par secteur. Voici les cibles définies par la SNBC à l’horizon 2050 :
- Transports : zéro émission nette (hors transport aérien domestique)
- Bâtiment : zéro émission nette
- Industrie : –81 % des émissions de GES par rapport à 2015
- Agriculture : –46 % des émissions de GES par rapport à 2015
- Production d’énergie : zéro émission nette
- Déchets : –66 % des émissions de GES par rapport à 2015
Ces objectifs sont ambitieux. Mais ils sont indispensables si l’on souhaite contenir le réchauffement climatique sous la barre des +1,5 °C, conformément à l’Accord de Paris.
Quelles ont été les grandes étapes de la mise en place de la SNBC ?
Depuis sa création en 2015, la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) s’est déclinée en plusieurs versions successives. Ces itérations traduisent l’évolution des connaissances scientifiques, des dynamiques économiques et des exigences politiques.
SNBC 1 (2015-2018) : bilan et principales mesures
Adoptée en novembre 2015, dans le cadre de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), cette première version constitue une feuille de route structurée pour piloter la décarbonation de l’économie française. À l’époque, l’objectif affiché était une division par quatre des émissions de GES d’ici 2050 par rapport à 1990 (le « facteur 4 »). La SNBC 1 introduit également pour la première fois les budgets carbone comme outil de pilotage par périodes de cinq ans. Elle propose alors des orientations sectorielles et insiste sur l’importance de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Cependant, le premier budget carbone (2015-2018) est dépassé… Les principales raisons ? Un manque de mesures structurelles et des retards dans certains secteurs (transport, bâtiment). Ce constat appelle une révision en profondeur.
SNBC 2 (2019-2023) : évolutions et améliorations
Adoptée en décembre 2020, la SNBC 2 marque une montée en puissance des ambitions climatiques françaises. Elle s’aligne désormais sur les objectifs de l’Accord de Paris, avec un cap clair : atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cette version abandonne donc la logique du “facteur 4” au profit d’une vision systémique intégrant les puits de carbone et les émissions résiduelles incompressibles. Parmi les nouveautés :
- Une meilleure intégration des émissions indirectes et du rôle des sols et forêts.
- Une vision de long terme déclinée en stratégies sectorielles plus détaillées.
- Un accent plus fort mis sur la sobriété, l’économie circulaire et l’innovation.
La SNBC 2 fixe également deux nouveaux budgets carbone (2019-2023 et 2024-2028), avec des trajectoires plus contraignantes. Enfin, elle renforce le rôle du Haut Conseil pour le Climat (HCC), qui évalue chaque année les écarts entre objectifs et réalité.
SNBC 3 (2024 et au-delà) : nouveautés et perspectives
La troisième version de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC 3), en cours de finalisation depuis 2024, marque une révision majeure dans un contexte d’urgence climatique accrue et de pression européenne renforcée, notamment avec le Green Deal et le paquet législatif “Fit for 55”. Elle instaure notamment un jalon important, avec un scénario de référence à l’horizon 2030. Les premières orientations connues de cette nouvelle version visent à :
- Renforcer les objectifs sectoriels, notamment pour l’industrie lourde, les mobilités et l’alimentation. Objectif = réduire les émissions territoriales brutes de 50 % d’ici 2030 par rapport à 1990, en cohérence avec l’ambition climatique européenne .
- Mettre l’accent sur l’adaptation au changement climatique, en complément de la réduction des émissions. Objectif = assurer la résilience des territoires, des infrastructures et des services essentiels.
- Développer une vision plus opérationnelle pour les entreprises, les collectivités et les territoires. Et ce, en identifiant des mesures sectorielles supplémentaires et en mobilisant l’ensemble des secteurs émetteurs de l’économie.
- Intégrer les technologies de rupture, telles que la capture et le stockage du carbone, l’hydrogène bas carbone, etc. Objectif = soutenir la décarbonation des procédés de production et la modification des intrants dans l’industrie.
- Améliorer la lisibilité et la transparence des indicateurs de suivi, en définissant des budgets carbone pour les périodes 2024-2028, 2029-2033 et 2034-2038.
La SNBC 3 entend également mieux mobiliser la société civile autour d’une transition équitable et inclusive, en reconnaissant les inégalités d’exposition et de capacité d’action face à la crise climatique. Pour plus d’informations, consultez les grands enjeux de la SNBC 3 sur le site officiel.
Quelles sont les mesures clés de la SNBC aujourd’hui ?
Orientations sectorielles
La Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) repose sur une approche différenciée selon les secteurs, avec des trajectoires spécifiques et des mesures phares adaptées aux réalités de chaque domaine d’activité.
- Bâtiment : L’objectif est de massifier la rénovation énergétique, tout en imposant des normes plus strictes pour les nouvelles constructions. L’isolation thermique, le recours aux matériaux biosourcés et la performance énergétique deviennent incontournables.
- Transports : Secteur le plus émetteur, il fait l’objet de mesures de rupture. On parle notamment de l’accélération de l’électrification des véhicules, du développement d’infrastructures pour mobilités douces (vélos, transports en commun), de réduction de la place de la voiture individuelle ou encore de promotion des biocarburants durables pour les transports lourds et aériens.
- Industrie : Ici, la stratégie vise une décarbonation complète via le déploiement de technologies bas carbone (électrification des procédés, hydrogène, capture de CO₂). L’éco-conception des produits et une transition vers une industrie verte sont aussi au cœur de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC).
- Agriculture : L’enjeu ici est double, réduire les émissions tout en renforçant les puits de carbone naturels. Les leviers clés incluent le développement d’une agriculture durable, une plus grande sobriété alimentaire (notamment en matière de protéines animales) et le stockage du carbone dans les sols par des pratiques agroécologiques.
- Énergie : Le système énergétique doit évoluer vers un mix 100 % renouvelable et sobre. Cela suppose une montée en puissance du solaire, de l’éolien et du biogaz. La réduction de la demande énergétique et l’abandon progressif des énergies fossiles dans tous les secteurs sont aussi des enjeux majeurs.
Orientations transversales
Au-delà des secteurs, la SNBC repose aussi sur des orientations transversales, nécessaires pour créer un cadre cohérent et durable :
- Gouvernance : Renforcement du rôle du Haut Conseil pour le Climat, meilleure articulation entre échelons nationaux et locaux. Mise en place également d’outils de pilotage et d’évaluation plus transparents.
- Recherche et innovation : Soutien accru aux technologies de rupture, à la modélisation climatique et aux solutions basées sur la nature. La stratégie reconnaît aussi l’importance de l’innovation sociale et de la coopération interdisciplinaire.
- Éducation, sensibilisation, formation : Faire de la transition écologique un projet de société passe par la formation des professionnels, l’accès à l’information pour les citoyens et une éducation climatique renforcée dès l’école.
- Économie circulaire et sobriété : Réduction de la consommation de ressources, allongement de la durée de vie des produits, lutte contre le gaspillage et développement de modèles économiques fondés sur la réutilisation, la réparation et le recyclage.
Comment mettre en place une stratégie bas carbone dans mon entreprise ?
1/ Faire un état des lieux avec le bilan carbone
Impossible de piloter ce que l’on ne mesure pas. La première étape consiste donc à réaliser un bilan carbone de l’ensemble des activités de l’entreprise. Ce diagnostic environnemental permet de :
- Identifier les postes les plus polluants : transports, énergie, achats, numérique, déplacements professionnels, etc.
- Quantifier la quantité totale de gaz à effet de serre émise : en incluant les émissions directes (scope 1), indirectes liées à l’énergie (scope 2), mais aussi les émissions plus diffuses de la chaîne de valeur (scope 3).
- Déterminer où concentrer les efforts et le budget afin de réduire l’empreinte carbone.
Ce bilan peut être réalisé en interne (si les compétences sont là) ou avec l’aide d’un cabinet spécialisé. Il sert alors de base pour construire une décision stratégique alignée sur le plan national de la transition écologique et solidaire.
2/ Définir un plan d’action
Une fois le bilan dressé, place à l’action. Il ne s’agit pas de multiplier les initiatives ponctuelles, mais de mettre en œuvre un plan clair, cohérent et aligné sur les objectifs climatiques. Ce plan structuré doit alors comporter des objectifs chiffrés, des KPI environnementaux précis pour chaque poste d’émissions et des actions concrètes. Parmi ces dernières, on peut trouver :
- Sensibiliser et former les employés à la sobriété énergétique ;
- Réduire les déplacements en avion ou en voiture solo ;
- Optimiser la gestion énergétique des bâtiments (chauffage, climatisation, éclairage) ;
- Sélectionner des producteurs et fournisseurs locaux engagés dans une démarche bas carbone ;
- Éco-concevoir les produits et réduire les déchets en amont.
Il est également pertinent d’intégrer un volet compensation (financement de projets d’énergies renouvelables ou de reforestation). Le tout en gardant à l’esprit que la priorité reste la réduction à la source.
3/ Suivre et évaluer les progrès
La transition bas carbone est un processus continu. Il est donc essentiel de mettre en place un suivi régulier des KPI, semestriellement ou annuellement, afin de mesurer les avancées, identifier les écarts et ajuster les actions. Ce pilotage peut s’appuyer sur des :
- Tableaux de bord de suivi des émissions ;
- Revues stratégiques internes ;
- Rapports extra-financiers pour valoriser les efforts auprès des parties prenantes, de l’autorité environnementale et des décideurs publics.
Le saviez-vous ? Les entreprises qui adaptent leur stratégie au bénéfice de la planète ont une meilleure image. Et ce, non seulement aux yeux du grand public, mais aussi à ceux de leurs employés. Il a été prouvé que cela améliore même l’environnement de travail, la motivation et la productivité.
Stratégie nationale bas carbone, conclusion
La Stratégie nationale bas carbone (SNBC) fixe un cap ambitieux mais essentiel : atteindre la neutralité carbone en 2050 et transformer en profondeur notre économie pour la rendre plus durable, sobre et résiliente.
Mais pour y parvenir, l’engagement de tous est indispensable. Ainsi, si l’État donne l’impulsion, l’ensemble des acteurs territoriaux doit participer à la réussite de cette transition. Chacun peut, à son échelle, contribuer à réduire l’empreinte carbone de ses activités et promouvoir un modèle économique plus respectueux des limites planétaires.
Pour les entreprises en particulier, s’engager dans une démarche bas carbone n’est plus une option : c’est une nécessité stratégique. Et ce, non seulement pour respecter la réglementation, mais aussi pour saisir l’opportunité de développer un modèle plus résilient, durable et compétitif.
Parmi les leviers concrets pour agir : le réemploi des ressources. Aujourd’hui en plein essor, de plus en plus d’entreprises et d’acteurs publics optent pour ces solutions de réemploi intelligent, intégrant ainsi une démarche concrète d’économie circulaire au cœur de leur stratégie bas carbone. Et c’est précisément ce que propose MyTroc Pro.
MyTroc Pro met à disposition des entreprises des marketplaces adaptées et sur mesure, permettant de recenser tout le matériel professionnel disponible au sein de leur organisation — qu’il soit inutilisé, sous-exploité ou en surplus. L’objectif ? Les réemployer simplement en interne ou en externe. Par ailleurs, grâce à notre calculette carbone, vous savez exactement l’empreinte carbone évitée grâce au réemploi de matériel professionnel.
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